Chronique n°5 « Vivement le temps des cerises ! » : Après le confinement, quelle prévention efficace ?

VIVEMENT LE TEMPS DES CERISES !
Chronique du combat pour la solidarité et la coopération
au milieu de la crise sanitaire et sociale, printemps 2020

 

Chronique numéro 5 :
Après le confinement, quelle prévention efficace ?

Publié le 15/04/2020 // Rédigé par Alain MOREL

La pandémie du COVID-19 est un formidable révélateur. Elle l’est en tout premier lieu de l’(in)efficacité de nos politiques de santé et de prévention. Comme vient de le dénoncer avec fracas le Professeur William Dab, ancien Directeur Général de la Santé, « notre politique de prévention n’est pas à la hauteur ». L’impréparation, le scandale des masques, celui des tests, les discours mensongers et ceux, régulièrement accusateurs, envers « les gens » sur lesquels on fait peser la responsabilité de l’épidémie… Il y a aussi ces milliers de décès en EPHAD, dus non pas à l’âge des résidents mais à l’absence de protection dès le début, sans oublier le sort laissé aux plus démunis, aux plus précaires, aux sans domicile. Autant de signes de défaillances. Avant d’être celles de quelques responsables, ces défaillances traduisent l’absence d’organisation et de coordination des acteurs et institutions de santé publique, et le peu d’intérêt porté à la prévention.

Notre système de santé s’appuie sur trois types d’acteurs : les hôpitaux et leurs « plateaux techniques » indispensables aux soins, le pôle « généraliste » inscrits dans la cité (médecins généralistes, infirmiers libéraux, pharmaciens), et le secteur médico-social qui s’occupe de la santé et de l’inclusion sociale de populations spécifiques (personnes âgées, personnes handicapées, personnes addictes, personnes socialement précaires et porteuses de maladies chroniques).

Face au Covid-19a politique lancée depuis mi-mars sur deux axes, les soins des cas graves à l’hôpital et le confinement généralisé, permet certes de ralentir peu à peu l’épidémie, mais elle est nécessairement limitée dans le temps, a un coût exorbitant et a désarmé les acteurs de la prévention. Or, l’enjeu du déconfinement, annoncé pour le 11 mai, sera justement de les « réarmer » pour faire face à une épidémie loin d’être éteinte et pour déployer une politique de prévention « à la hauteur ». C’est-à-dire une politique capable de mobiliser et de coordonner les acteurs généralistes et médico-sociaux – l’hôpital continuant de jouer son rôle essentiel pour les soins -, autour d’objectifs cohérents : permettre un accès massif aux informations, aux masques, aux tests diagnostic et sérologique, et organiser dans des conditions dignes l’accompagnement des personnes porteuses du virus devant être isolées tant qu’elles sont contagieuses. Ce sera la seule voie pour que la population adhère aux contraintes et s’écarte de toute stigmatisation, et pour éviter de donner tout pouvoir à des « Maréchal Foch », ou à des technologies virtuelles et bureaucratiques liberticides.

Nous le disons avec force aux autorités publiques : nos centres et nos équipes médico-sociales, nos professionnels multidisciplinaires et nos bénévoles, nous sommes tous prêts à contribuer à cette prévention, à en être les « activistes ». Nous en avons l’expérience avec le VIH et le VHC. Nous appelons de nos vœux la constitution sur le terrain de plateformes coopératives (appelons-les comme on veut) de généralistes, d’équipes médico-sociales et sociales assurant tous les services de prévention, coordonnées par les ARS et, pourquoi pas, par les maires, pour répondre aux besoins des populations locales.

Alain MOREL, directeur général d’Oppelia, psychiatre

 

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