Chronique n°20 « Vivement le temps des cerises ! » – Fabriquons du Nous

VIVEMENT LE TEMPS DES CERISES !
Chronique du combat pour la solidarité et la coopération
au milieu de la crise sanitaire et sociale, été 2020

 

Chronique numéro 20 – Fabriquons du Nous

Publié le 25/06/2020 // Rédigé par Alain MOREL

 

La troisième voie est celle de la qualité de la relation entre les services professionnels et les usagers. C’est à vrai dire le changement premier qui conditionne tous les autres. Car c’est seulement grâce à cette alliance nouvelle entre professionnels, personnes accompagnées et population que le pôle de santé de proximité, non hospitalier, trouvera une réelle crédibilité. La crise du Covid l’a montré : l’infantilisation des usagers, le pouvoir excessif donné aux savoirs experts institués mènent à la démobilisation quand ce n’est pas à la méfiance et à la défiance. Plutôt que de cloisonner, séquencer, conditionner selon des « seuils » et enjoindre les usagers à l’observance, il s’agit de fonder la relation sur la reconnaissance des besoins et de l’expérience des usagers, sur la coopération et l’association des savoirs. Cette voie, Oppelia l’a déjà entreprise depuis quelques années, mais nous ressentons le besoin d’aller plus loin. Nous y travaillons activement avec des usagers pairs et l’association d’autosupport ASUD.

La quatrième voie est celle du rééquilibrage du système de santé pour inverser les priorités politiques et financières qui, depuis des décennies, ont mis le curatif, les soins médicaux et donc l’hôpital au centre, au détriment de la prévention, de la réduction des risques et de l’accès aux soins. Nous venons d’en avoir une nouvelle confirmation : les populations qui ont un recours facilité aux services de santé mais aussi à un environnement favorable à l’éducation et à la culture résistent mieux aux virus comme aux maladies. En 2017, en France, l’ensemble des dépenses de prévention représentent à peine 15 milliards d’euros pour une dépense totale de santé de 271 milliards. Dans ce champ comme dans les autres, les décisions politiques sont difficiles à prendre, et elles ne le seront que si les acteurs locaux et associatifs sont capables de montrer l’intérêt et la portée collective des programmes d’éducation préventive et d’intervention précoce qu’ils développent. Il nous faut continuer d’y consacrer une grande partie de nos forces et de nos capacités à les réunir avec d’autres. Mais pour l’heure, seul le pouvoir politique a les moyens de sortir la prévention de l’ornière financière dans laquelle elle se trouve et de sa fragilité permanente.

À compter le nombre de nous qui émaillent cette dernière chronique, son titre et sa conclusion s’imposent. Ce que nous faisons, ce que nous devons faire, c’est fabriquer du nous, davantage encore. Pas un nous identitaire, contre ou par rapport à « eux », mais un nous issu de l’intelligence et de l’action collective, un nous égalitaire, ouvert et coopératif. Et pour y parvenir… nous allons continuer et amplifier nos échanges et réflexions, sous d’autres formes. Alors, à bientôt et merci de nous avoir suivis. 

Alain MOREL, Directeur Général d’Oppelia

 

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