Chronique n°2 « vivement le temps des cerises ! » : Oppelia se joint à la tribune « les usagers de drogues, les grands oubliés »

VIVEMENT LE TEMPS DES CERISES !
Chronique du combat pour la solidarité et la coopération
au milieu de la crise sanitaire et sociale, printemps 2020

 

Chronique numéro 2 : Oppelia se joint à la tribune « les usagers de drogues, les grands oubliés »

Publié le 09/04/2020 // Rédigé par la Tribune

Comme en témoignent les équipes de Charonne Oppelia qui interviennent quotidiennement dans le Nord Est de Paris, la situation des usagers dans ce secteur est particulièrement préoccupante, pour ne pas dire révoltante.
Nous prenons totalement à notre compte le texte de la tribune que viennent de publier les associations GAÏA, AIDES, Fédération Addiction, Fédération des Acteurs de la Solidarité, Médecins du Monde, et dont voici quelques extraits.

La crise actuelle agit en révélateur des manquements de notre société vis-à-vis de ses membres les plus vulnérables et met en lumière les limites d’un système basé sur la prohibition et la répression… A l’heure de l’urgence sanitaire et malgré nos demandes, il n’existe pas en région parisienne de dispositif d’hébergement à hauteur des besoins du public en errance. Le stigmate de l’usage de drogues jette un voile sur la réalité chaotique des parcours de vie des usagers.
Nous sommes confinés ? Ils sont enfermés dehors et beaucoup vont en mourir.

La forte présence des forces de l’ordre aux alentours de Lariboisière et gare du Nord, parfaitement justifiée pour sécuriser le quartier en ces temps difficiles, repousse les usagers de drogues et le deal vers d’autres quartiers, elle ne les fait pas disparaître. C’est déjà ce qui s’est passé avec les évacuations très médiatisées de la Porte de La Chapelle (puis d’Aubervilliers et de La villette), un report massif s’est fait sur Eole et Stalingrad/Jaurès. C’est ce qui est en train de se passer à la gare du Nord et bientôt,
d’autres riverains se plaindront des intrusions dans leurs immeubles et du deal dans des quartiers jusque là épargnés. La seule réponse répressive sans possibilité de repli n’est pas efficace comme réponse aux scènes d’usage de drogues.

Sans réelle possibilité de respecter le confinement, sans ressources et sans soins, les consommateurs de produits à la rue et nos équipes qui continuent leur travail auprès d’eux doivent en plus subir des invectives, insultes et propos diffamatoires relayés par des médias d’envergure nationale. Quelqu’un peut-il imaginer qu’il se trouve des gens pour lancer des billes en verre sur les usagers qui attendent leur tour devant nos locaux ? Ajoutant à l’anxiété globale dans laquelle est plongée la planète entière,
on va une fois de plus désigner le toxicomane à la rue comme le coupable idéal, le pestiféré qui trouble le calme de nos villes pourtant quasi-désertes et dont le malheur nous gêne. Comme une misère bien trop grande pour mériter notre solidarité.

 

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