VIVEMENT LE TEMPS DES CERISES !
Chronique du combat pour la solidarité et la coopération
au milieu de la crise sanitaire et sociale, printemps 2020

Chronique numéro 12 : Petite lettre ouverte aux ARS

Publié le 05/05/2020 // Rédigé par Alain MOREL

Chères Agences Régionales de Santé,

Le « nous » utilisé dans cette petite lettre, n’est pas un nous de « majesté » mais signifie que nos propos et le sentiment qu’ils expriment sont largement partagés dans le secteur médico-social en addictologie. Un secteur que nous connaissons bien à Oppelia, engagés depuis longtemps pour développer la qualité et l’adaptation des services aux usagers, en particulier les plus précaires. Nous sommes fiers d’être en charge de la mission de service public que vous nous déléguez. Une mission de solidarité et de cohésion sociale qui nous oblige. Votre rôle de contrôle n’est en rien contestable, il est même dynamisant pour nous s’il s’inscrit dans une relation de partenariat. Oui, nous sommes partenaires, car nous travaillons aux mêmes objectifs de santé publique et n’avons ni lien hiérarchique ni lien de subordination.

Ne prenez pas la mouche tout de suite, nous n’avons pas l’intention de faire de l’« ARS bashing », sachant les lourdes charges qui pèsent sur vos modestes moyens et que des relations bienveillantes et constructives existent avec certaines d’entre vous. Mais permettez-nous de vous dire aussi qu’elles peuvent être méprisantes et destructrices, comme ce fut le cas avec l’ARS du Grand Est avant le changement de direction générale.

Cette lettre ne vous adresse ni plainte ni attaque, mais une simple demande : celle d’un dialogue permanent. S’il vous plaît, ne vous contentez pas de nous administrer, mais associez-nous. Nous remplissions chaque jour ou presque les tableaux d’activités que vous nous envoyez, mais nous voudrions aussi que vous veniez à notre rencontre et à celle de nos équipes. Nous gérons des services certes, mais nous apprenons aussi beaucoup du terrain, des usagers, et nous avons des propositions à faire. Notamment pour une prévention citoyenne.

Car la crise sanitaire actuelle et l’entrée dans la phase de « dé-confinement » créent une opportunité et un impératif : réussir la mise en œuvre d’une prévention efficace, tant d’un point de vue des risques épidémiques que du point de vue éthique. Les dispositions annoncées par le Gouvernement, basées sur des mesures administratives de contrôle, de fichage, d’envoi de « brigades » (sic) et d’isolement des personnes malades nous inquiètent. Un dispositif de prévention ne sera utilisé par la population et n’aura des résultats positifs que s’il responsabilise et favorise la solidarité. Pour cela, vous avez un rôle déterminant, celui de coordonner, concerter et associer les différents acteurs que veut mobiliser l’État : les professionnels de santé, médecins de ville et médico-social, l’Assurance Maladie et les ARS. Cela suppose une chose essentielle : pouvoir se parler dans le respect mutuel et sans risque.

Convaincus que vous ne resterez pas sourdes à cette requête, nous vous adressons, chères ARS, nos respectueuses salutations.

Alain MOREL, Directeur Général d’Oppelia

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