Le rapport d’activités 2019 : vous pensiez connaître Oppelia ?!

Voilà que s’éloigne le temps des cerises, mais pas encore celui de la pandémie, de ses répliques et de ses ondes de choc. Encore moins la fin des questions quant à « l’après ». Trop d’incertitudes sont devant nous pour imaginer avoir déjà toutes les réponses. Mais il en est qui ont fleuri au cours de nos échanges et qui ont muri dans nos réflexions. À travers, par exemple, des espaces comme la chronique « vivement le temps des cerises », créée sur le site d’Oppelia, ou à travers le « groupe d’analyse et de suivi des pratiques » qui a réuni professionnels, usagers et administrateurs tout au long de la crise du Covid. À travers aussi les multiples espaces de partages collectifs créés en interne ou par d’autres associations comme la Fédération Addiction, pour penser ensemble l’expérience vécue de soigner, aider, accompagner, malgré le long « confinement », malgré la « distanciation », malgré la crainte du virus et de l’après.

Dès le début, pratiquement toutes les équipes d’Oppelia ont ouvert leurs services, rencontré des usagers, anciens et nouveaux, pris des initiatives et expérimenté de nouvelles pratiques.

Qu’en ressort-il ? Nulle révolution mais la conviction d’entrer dans une ère nouvelle en amplifiant certaines évolutions que nous pressentions, en nous engageant dans de nouvelles voies aux confins de ce que nous imaginions possible et en mettant à l’œuvre de nouvelles modalités d’actions.

La première de ces voies concerne l’usage massif des outils de communication numériques. Cette découverte pour beaucoup d’entre nous ouvre des perspectives dans de multiples domaines de nos activités et de nos modes de travail. Ainsi, le siège d’Oppelia va être équipé de trois salles de vidéoconférence et toutes les structures vont être invitées à faire de même. Des commissions, des formations OCF et des groupes de soutien aux cadres vont se poursuivre par visio, de nouveaux MOOC vont être produits et diffusés, etc. Un accord sur le télétravail et ses limites est en cours de discussion avec le CSE. Mais la communication en distanciel doit rester au service du lien social et de la coopération – celle avec les usagers en particulier, et celle au sein des équipes de professionnels. Nous avons par ailleurs un rôle à jouer auprès de populations que nous rencontrons pour réduire la fracture numérique qui en sape les bénéfices pour la démocratie.

La seconde voie est celle de la proximité et des coopérations sur les territoires. Foin de grand soir là non plus, mais la certitude que les relations d’aide et d’entraide doivent aujourd’hui passer par l’aller vers, l’être avec, l’accessibilité, la disponibilité, l’accompagnement médico-psycho-social en soutien tout au long du parcours. Il est devenu d’une importance capitale de rendre visible cette mission de service public que réalisent les services médico-sociaux comme les nôtres avec d’autres. Avec la médecine de ville et ses pratiques coordonnées modernes, en lien avec les acteurs sociaux, nous sommes l’une des composantes du service public de santé dit « ambulatoire ». « La santé c’est plus que l’hôpital » viennent de lancer plusieurs associations dans un appel/pétition dans lequel nous nous retrouvons totalement. Jamais nous n’avons autant convergé avec les acteurs de la médecine de ville, de la solidarité et de la prévention, à nous de rendre concrète cette alliance et de faire évoluer nos pratiques médicales et de soins dans ce sens.

La troisième voie est celle de la qualité de la relation entre les services professionnels et les usagers. C’est à vrai dire le changement premier qui conditionne tous les autres. Car c’est seulement grâce à cette alliance nouvelle entre professionnels, personnes accompagnées et population que le pôle de santé de proximité, non hospitalier, trouvera une réelle crédibilité. La crise du Covid l’a montré : l’infantilisation des usagers, le pouvoir excessif donné aux savoirs experts institués mènent à la démobilisation quand ce n’est pas à la méfiance et à la défiance. Plutôt que de cloisonner, séquencer, conditionner selon des « seuils » et enjoindre les usagers à l’observance, il s’agit de fonder la relation sur la reconnaissance des besoins et de l’expérience des usagers, sur la coopération et l’association des savoirs. Cette voie, Oppelia l’a déjà entreprise depuis quelques années, mais nous ressentons le besoin d’aller plus loin. Nous y travaillons activement avec des usagers pairs et en partenariat avec l’association d’auto-support ASUD.

La quatrième voie est celle du rééquilibrage du système de santé pour inverser les priorités politiques et financières qui, depuis des décennies, ont mis le curatif, les soins médicaux et donc l’hôpital au centre, au détriment de la prévention, de la réduction des risques et de l’accès aux soins. Les inégalités sociales constituent un facteur majeur, nous venons d’en avoir une nouvelle confirmation : les populations qui ont un recours facilité aux services de santé mais aussi à un environnement favorable à l’éducation et à la culture résistent mieux au coronavirus, comme aux maladies et aux dommages liés aux conduites addictives. En 2017, en France, l’ensemble des dépenses de prévention représentent à peine 15 milliards d’euros pour une dépense totale de santé de 271 milliards. Dans ce champ comme dans les autres, les décisions politiques sont difficiles à prendre, et elles ne le seront que si les acteurs locaux et associatifs sont capables de montrer l’intérêt et la portée collective des programmes d’éducation préventive et d’intervention précoce qu’ils développent. Il nous faut continuer d’y consacrer une grande partie de nos forces et de nos capacités à les réunir avec d’autres. Mais pour l’heure, seul le pouvoir politique a les moyens de sortir la prévention de l’ornière financière dans laquelle elle se trouve et de sa fragilité permanente.

À compter le nombre de nous qui émaillent cet éditorial, sa conclusion s’impose. Ce que nous faisons, ce que nous devons faire, c’est fabriquer du nous, davantage encore. Pas un nous identitaire, contre ou par rapport à « eux », mais un nous issu de l’intelligence et de l’action collective, un nous égalitaire, ouvert et coopératif. Pour y parvenir… nous allons continuer et amplifier nos échanges, améliorer nos outils et multiplier nos initiatives.

 

Alain MOREL
Directeur général d’Oppelia

 


 

Une nouvelle structuration du rapport d’activités Oppelia

Vous pensiez connaître Oppelia ?

En lisant ce rapport d’activités 2019, vous allez en découvrir bien plus que vous n’imaginiez !

Plutôt que de juxtaposer les activités des différentes structures, de plus en plus nombreuses, nous avons choisi à partir de 2019 de présenter les activités de façon plus transversale, avec des exemples concrets, des focus sur des innovations et des événements particuliers, afin de donner une vision plus globale de l’association.

Pour construire cette nouvelle arborescence nous nous sommes basés sur notre projet associatif et notre plan stratégique.

>> Télécharger le rapport d’activités 2019 d’Oppelia