Pétition pour la clinique de La Chesnaie : Vers une société coopérative en psychiatrie SCIC

La clinique de la Chesnaie à Chailles (Loir-et-Cher) est en vente. Un collectif de soignant·e·s souhaite reprendre le projet pour qu’y perdure le projet humaniste de la psychothérapie institutionnelle.

 

 

📝 Signer la pétition

 

« La clinique de La Chesnaie est actuellement mise en vente par le Médecin-Directeur Jean-Louis Place, qui a fait appel au cabinet d’affaires La Baume Finance pour organiser l’appel d’offre. Le projet de coopérative soutenu par 80% de l’équipe soignante et médicale, est actuellement en concurrence dans un appel d’offre face à des groupes, associations ou fondations qui ne pratiquent pas les méthodes issues du mouvement de la psychothérapie institutionnelle. L’équipe soignante refuse tout repreneur extérieur, et sera en mesure de finaliser son offre ferme à la fin du mois d’octobre.

Cette reprise sous forme de Coopérative permettrait de préserver le sens que les soignants mettent dans leur travail et d’offrir à la clinique des possibilités financières rassurantes pour engager des travaux de rénovation et recruter de nouveaux personnels dans les prochaines années. L’équipe médicale actuelle soutient le projet et sera renforcée si la coopérative voit le jour.
Nous souhaitons que les soignants puissent aller jusqu’au bout de leur projet, avec tous leurs partenaires. 

Une clinique de Psychothérapie Institutionnelle en vente

Depuis sa création en 1956 la clinique de La Chesnaie est un lieu de soin
emblématique. Elle est identifiée et reconnue nationalement depuis plus de 65 ans comme accueillant la singularité des personnes en souffrance psychique.

Aujourd’hui, le médecin-directeur souhaite quitter ses fonctions et vendre la clinique. Le collectif des soignants s’est mobilisé en créant l’association Les Ami.e.s de La Chesnaie pour défendre une reprise en interne. L’analyse institutionnelle, la psychanalyse, la phénoménologie psychiatrique, la fonction de décision partagée dans le collectif entre soignants, mais aussi avec les soignés, sont autant de référentiels qu’ils veulent préserver.

Une organisation du travail qui lutte contre l’aliénation

La Chesnaie est un espace ouvert, un « petit village » où le vivre ensemble au sein de l’institution met sans cesse au travail l’aliénation psychique tout autant que l’aliénation sociale. En effet, les soignants et les soignés réalisent ensemble les tâches de la vie quotidienne (cuisine, service de table, ménage, etc.). Cette organisation des soins et du travail a pour vocation de lutter contre les aspects les plus négatifs de l’aliénation sociale : l’effacement de la personne derrière son statut, sa fonction, l’assujettissement et les non-dits liés à la hiérarchie.

Les soignants sont amenés à changer de poste régulièrement. Cette transversalité et cette polyvalence dans les gestes du quotidien contribuent à questionner les habitudes et à soigner l’ambiance institutionnelle. L’idée étant de favoriser des rencontres, déjouer des routines enkystées.

Le Club thérapeutique et le réseau d’associations (restaurant du Train Vert, crèche parentale, ÉPIC : École de Psychothérapie Institutionnelle de La Chesnaie) en relation étroite avec la clinique sont de véritables passeurs entre la Cité et La Chesnaie. Ce dispositif associatif renforce la libre circulation des soignés, des soignants, et rend possible et souhaitable la venue de personnes extérieures : concerts ouverts au public, fêtes, résidence d’artistes, etc. Meilleur rempart contre l’ostracisme et les idées reçues.

L’évidence d’une SCIC

La reprise collective de cette institution sous forme coopérative est le meilleur dispositif pour préserver les moyens humains et la dynamique créative de l’équipe soignante.

La SCIC permet une vie démocratique au sein de l’entreprise qui prolonge
l’organisation collégiale qui existe déjà. Elle est constituée de plusieurs catégories de sociétaires : soignants, représentants des bénéficiaires et partenaires extérieurs qui peuvent tous participer aux orientations stratégiques de l’entreprise. Il s’agit aussi d’un modèle économique plus éthique où le pouvoir ne revient pas aux actionnaires majoritaires mais se voit réparti entre les sociétaires : 1 sociétaire égale 1 voix, quel que soit l’apport financier de chacun. De plus, la majorité des bénéfices est affectée à la pérennisation de la structure et à la préservation de l’emploi.

La SCIC permet en outre de faire entrer au capital social des institutions alliées, des collectivités territoriales, des sympathisants, des acteurs sociaux et culturels afin de construire des partenariats durables. Le mouvement coopératif est vecteur de nouveauté, de progrès social en ceci qu’il n’est pas enfermé dans une logique d’appropriation individuelle. Le multisociétariat de la SCIC permet à la fois de construire ensemble l’intérêt collectif, mais aussi de pérenniser l’entreprise et le lieu de soin sur du très long terme, en évitant les crises liées aux successions.

Ce que nous défendons

Les logiques de rentabilité et de gestion managériale dans le champ de la santé depuis plusieurs dizaines d’années conduisent notre système de santé à un état catastrophique. Le manque de moyens dégrade les conditions de travail, d’accueil et de soin. La protocolisation et l’homogénéisation des pratiques, entraînent une perte de sens, un sentiment d’impuissance et entravent la créativité nécessaire à l’accueil de la folie.

Les soignants de la clinique sont conscients de la chance qu’ils ont de travailler dans une clinique à taille humaine. Depuis sa création il s’y développe une culture chesnéenne que beaucoup considèrent comme un bien commun, qu’ils veulent protéger. Ils veulent continuer à créer des rencontres, des liens qui libèrent, donner le temps et les moyens nécessaires à chacun pour se soigner, s’orienter et créer sa circulation dans la cité.
C’est à juste titre qu’ils s’inquiètent de l’arrivée d’un acheteur extérieur. Aucun groupe, association ni fondation ne peut garantir le maintien de cette culture soignante et des pratiques qui en découlent.

Le projet de reprise des salariés et des médecins s’inscrit dans la continuité et le déploiement des fonctionnements collectifs déjà à l’œuvre dans la clinique. Leur projet de SCIC semble donc tout à fait en accord avec une actualisation des enjeux de la Psychothérapie Institutionnelle au XXIème siècle.

En signant cette tribune, nous défendons une psychiatrie artisanale respectueuse de la subjectivité des soignés et des soignants, autant sur le plan individuel qu’à  l’échelle collective

 

Plus d’informations :

https://www.lanouvellerepublique.fr

https://www.lesamisdelachesnaie.fr

https://www.facebook.com/les.amis.de.la.chesnaie

https://twitter.com/LChesnaie « 

Gwenvael Loarer « Tribune pour la clinique de La Chesnaie : Vers une société coopérative en psychiatrie SCIC » Change.org, 2022.