Chronique n°7 « Vivement le temps des cerises ! » : À quoi sert l’administration sanitaire ?

VIVEMENT LE TEMPS DES CERISES !
Chronique du combat pour la solidarité et la coopération
au milieu de la crise sanitaire et sociale, printemps 2020

 

Chronique numéro 7 : À quoi sert l’administration sanitaire ?

Publié le 20/04/2020 // Rédigé par Martine LE QUELLEC-NATHAN et Jean-Louis LOIRAT

Une administration de la santé publique, est-ce utile pour gérer les jours ordinaires ou pour faire face aux crises sanitaires et aux urgences ? Selon nous : pour les deux, évidemment … !

La période actuelle montre combien cette administration peut être performante ou défaillante.
Notre propos ne vise pas à dénoncer ce qui est réalisé dans la situation actuelle, car nous savons combien les difficultés sont multiples. Nous voyons que de très nombreuses actions sont mises en œuvre, montrant l’engagement des professionnels des secteurs sanitaires et sociaux.

Mais plusieurs carences de l’administration, que nous avons nous-mêmes connues, sont dénoncées dans les médias :

  • Mauvaise prévision des matériels et des équipements …, malgré des projets, des programmes, et des plans ;
  • Mauvaise coordination entre les services, ceux du niveau central d’abord, et ensuite entre Paris et les territoires ;
  • Lourdeur de certaines procédures à laquelle s’ajoute la lenteur de la mise en œuvre d’une décision sur le terrain ;
  • Incapacité à concerter et mobiliser les partenaires, difficultés de travail en commun dans un système complexe où les rouages trop nombreux peuvent, comme dans la mécanique, s’enrayer ;
  • Communication inappropriée : on est passé dans certains secteurs du savoir-faire au faire savoir, en abandonnant quelquefois le savoir-faire, ressortant pourtant de la simple humanité.

Sur le terrain par contre, on constate l’intelligence des situations, les capacités rapides d’adaptation, l’agilité dans les réactions, la proximité dans les décisions, le courage des acteurs, des qualités qui sont autant humaines que professionnelles.
Les ARS ont été créées pour gérer de façon plus globale la santé dans les régions en prenant en compte tous les aspects de la prévention primaire à la réadaptation, favoriser les initiatives locales et mobiliser et coordonner toutes les ressources d’un territoire. Des capacités plus étendues d’expertise, l’autonomie par rapport à l’administration et le politique devait permettre la fluidité des actions et la rapidité des décisions.

En réalité, progressivement, on a constaté une méconnaissance du local et des acteurs, un éloignement du terrain aggravé avec la récente régionalisation. Les procédures sont de plus en plus complexes avec une multiplicité d’enquêtes qui se croisent et se chevauchent. La « maîtrise » des coûts de santé prévaut, avec une réduction drastique des budgets, notamment de prévention.

Après la crise actuelle, assisterons-nous à une nouvelle réorganisation de l’administration sanitaire et sociale, avec redistribution des rôles ? Verra-t-on une reconcentration du dispositif ou au contraire une décentralisation plus large, avec des responsables locaux bien identifiés, et contrôlés, plus présents sur des territoires et à l’écoute du terrain et de ses acteurs.

Dès aujourd’hui, ce que montre cette crise, c’est l’impérieuse nécessité de développer la prévention, en garantissant son financement sur le long terme.

Martine Le Quellec-Nathan, vice-présidente d’Oppelia, ancien fonctionnaire de la Santé publique
Jean-Louis Loirat, président d’Oppelia, ancien fonctionnaire de la Santé publique

 

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