Chronique n°3 « Vivement le temps des cerises ! » : Accompagner au temps du confinement

VIVEMENT LE TEMPS DES CERISES !
Chronique du combat pour la solidarité et la coopération
au milieu de la crise sanitaire et sociale, printemps 2020

 

Chronique numéro 3 : Accompagner au temps du confinement

Publié le 10/04/2020 // Rédigé par Jean-Pierre COUTERON

Le confinement est venu bouleverser les pratiques des CSAPA et autres CJC dans leur logique d’accompagnement. Il a fallu du jour au lendemain passer à des rencontres et à un accompagnement sur des plates-formes Internet, dans un espace que l’on continue parfois de nommer « virtuel » mais qui n’en est pas moins réel.
Si l’on garde en tête la dimension fonctionnelle de l’addiction, et notamment celle des comportements d’usage qui en sont le socle, la poursuite d’un travail sur les émotions ressenties et sur les appuis que procure ou non le réseau social de chacun est souvent un enjeu majeur de l’accompagnement.

Ces premières semaines montrent que ces interactions participent d’un auto-support et d’une logique de rétablissement mobilisant le pouvoir d’agir des personnes. Quels sont les outils pour cela ?

D’abord les consultations individuelles, par téléphone ou plate-forme d’échange, participant de cette e-santé parfois un peu rapidement présentée comme la panacée de tous les maux de l’addictologie. Ces entretiens se révèlent tout à fait compatibles avec le travail thérapeutique, dès lors que sont pris en compte leurs spécificités (cadences et durées à adapter, capacité de passer avec ou sans le visuel, etc…). Certains entretiens collectifs posent plus de problèmes, notamment dans la mise en place des personnes concernées. Enfin, les questions de promiscuité dans des domiciles petits ou mal insonorisés nécessitent des aménagements spécifiques.

Ensuite, les groupes d’auto-supports d’usagers entre eux, qu’il s’agisse des forums les plus connus JNFP (JeNeFumePlus) ou Psychoactif, ou de groupes de patients experts, tel « Addictions et alcool, ensemble on est plus forts », ont très vite confirmé leur intérêt dans cette période de restriction des rapports sociaux. Ils sont des espace-temps tout à fait essentiels, et leur fréquentation, souvent en hausse, le confirme.

Enfin, il nous est paru important d’adapter nos groupes thérapeutiques AGEA (Aide à la Gestion Expérientielle des Addictions) et CPS (Compétences Psycho-Sociales), tels que développés par le CSAPA Trait d’Union d’Oppelia, à ce nouvel espace virtuel. Il est évidemment trop tôt pour en analyser tous les effets, mais les premières réponses des usagers et les premières séances montrent qu’ils contribuent à compléter la palette tout en densifiant les supports, actions nécessaires dans le contexte anxiogène du confinement.

Jean Pierre Couteron, Psychologue CJC et CSAPA Le Trait d’Union, Boulogne-Billancourt

 

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