Chronique n°11 « Vivement le temps des cerises ! » : Distanciel ou présentiel, que sera l’accompagnement d’après ?

VIVEMENT LE TEMPS DES CERISES !
Chronique du combat pour la solidarité et la coopération
au milieu de la crise sanitaire et sociale, printemps 2020

 

Chronique numéro 11 : Distanciel ou présentiel, que sera l’accompagnement d’après ?

Publié le 30/04/2020 // Rédigé par Eric PLEIGNET

La période actuelle, si singulière, privilégie et impose un travail dématérialisé et à distance. La distanciation sociale, notion confondue avec la distance physique, devenue un dogme sinon la norme, fait la part belle au travail avec pour seul alter ego SON écran. Mais entre accompagnement téléphonique, télé-expertise, télé-soins, téléconsultations, et télémédecine ; de quelles réponses parle-t-on ? A qui s’adresse-t-on ?

Cette communication « à distance » peut être adaptée à la partie de notre public présentant notamment des problématiques d’usage sans autres complications. Elle montre ses limites pour des usagers avec des troubles plus profonds. Elle est largement insuffisante pour les cas de comorbidités psychiatriques et les situations de précarisation et autres exclusions. Il faut donc la penser au regard de ces différents publics, dans nos logiques de prise en charge intégrées et veiller à ne pas en faire un nouvel outil de relégation sociale.

L’épisode épidémique invite à penser l’après coronavirus, sans se limiter à cette communication « à distance » mais en capitalisant la diversité des nouveaux modes de collaboration qui se sont inventés entre usagers et professionnels.

Gardons d’abord en tête que la couverture des réseaux est inégale, que la technique peut avoir ses défaillances et que chacun n’est pas équipé d’un matériel adapté. Le gain de temps est loin d’être avéré, sans parler des incompréhensions et des frustrations qui fragilisent les relations avec l’autre et le rapport à soi.

Veillons à ce que dans ce monde de demain, l’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité ne se résume pas aux différentes composantes de la télésanté Elles y prendront fort logiquement une place conséquente, complétant et enrichissant nos pratiques et échanges, mais elles devront rester UN élément de la réponse, un parmi d’autres, si l’on veut éviter de transformer la télésanté en télésurveillance et les « mesures barrières » qui protègent, en mesures qui éloignent et séparent Il nous faudra donc réussir cette nouvelle étape de transformation de nos pratiques. L’épidémie de Sida nous avait appris à les fonder sur les besoins des usagers, et donc RDR et Aller-vers, approche expérientielle et accompagnement. Le covid-19 invite encore plus à ne pas penser à la place des usagers ces solutions parfois contraignantes. Si nous changeons de logiciel, gardons la bonne carte mémoire ; c’est avec chacun que se construira la santé de tous.

Eric PLEIGNET, directeur de Tempo Oppelia (Drôme)

 

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