Inauguration des nouveaux locaux du CHRS et de la direction

INAUGURATION DES NOUVEAUX LOCAUX DU CHRS ET DE LA DIRECTION
MARDI 19 OCTOBRE 2021

Vous trouverez ci-dessous le discours de Mme Jeannine FRIESS, administratrice à Oppelia

Nous sommes très heureux, le président d’Oppelia, Jean Louis LOIRAT, et moi-même de vous accueillir aujourd’hui à l’occasion de l’inauguration des locaux du siège d’Oppelia Aria et du C.H.R.S.
Je vous remercie tous de votre présence ce soir, vous êtes nombreux, élus, représentants de l’Ets, anciens administrateurs d’ARIA, professionnels, personnes concernées par les actions du CHRS. Votre présence prouve, s’il en était besoin, votre intérêt pour l’action publique en général et en particulier celle qui se déroule ici dans ces murs.

Je remercie vivement :

  • Madame Agathe FORT, adjointe au Maire de Villeurbanne à la Ville inclusive, à la lutte contre les discriminations et à la santé
  • Madame Aurore GORRIQUER, adjointe au maire de Villeurbanne en charge des quartiers Saint-Jean et Cusset-Bonnevay
  • Madame Céline DE LAURENS, adjointe au maire de Lyon à la santé, à la prévention et à la santé environnementale
  • Monsieur Mohamed CHIHI, adjoint au maire de Lyon à la Sûreté, sécurité, tranquillité
  • Monsieur Laurent WILLEMAN, directeur départemental adjoint de l’emploi, du travail et des solidarités

Tout d’abord, je veux m’adresser aux personnes accompagnées par l’équipe, qui fréquentent le CHRS dont certains sont présents aujourd’hui. Je sais que non seulement vous vous êtes sentis très concernés par le déménagement qui a eu lieu de la place du griffon dans cette maison, mais aussi vous y avez participé : ensemble, avec les professionnels, vous étiez préoccupés de la recherche de locaux ; ensemble, avec les professionnels, vous avez participé à transporter les cartons et c’est à vous que l’on doit le fleurissement du jardin. Alors un grand merci pour votre implication.

Merci aux professionnels du C.H.R.S. pour votre engagement, merci d’avoir accueilli l’inquiétude des usagers qui a permis cette dynamique commune.
Je vais terminer mes remerciements en exprimant notre reconnaissance à l’ancien propriétaire de cette maison, Monsieur COSTILLE. Grâce à lui, nous avons fait ce changement de locaux dans les meilleures conditions possibles, nous avons évité des bureaux provisoires qui auraient nuit beaucoup à la continuité de nos actions.
Je me permets maintenant un détour par l’histoire qui a fondé le travail d’Oppelia Aria. En effet, le CHRS porte encore le nom des origines, APUS. Ce détour s’adresse notamment aux professionnels actuels, qui continuent cette histoire et aussi qui la réinventent.

Ceci m’oblige à revenir sur la promulgation de la loi de 70, cette loi d’exception, qui distingue les usagers de drogue des trafiquants et donc prend acte de personnes souffrants de leur addiction, à qui une offre de soins devra être proposée.

Dans les années 70, il n’existait pas encore de dispositif de soins sur Lyon, en dehors d’un accueil au pavillon N de l’hôpital Grange Blanche.
Les médecins et psychologues qui travaillaient au pavillon N ont très vite constaté que les soins médicaux étaient loin d’être suffisants pour ces personnes qui n’étaient pas malades à proprement dit, elles demandaient à être soulagées, à être moins stigmatisées et retrouver leur dignité. Si l’on voulait « prendre soin » des personnes, il était indispensable de les accompagner, c’est ce mot accompagnement qui a présidé à la création de l’APUS, accompagner vers un logement, une famille d’accueil, une inscription sociale.

L’Association des Praticiens de l’Urgence Sociale, l’APUS est né en 1976. Elle est composée de médecins, magistrats, citoyens de la société civile, tous militants. Au départ de l’APUS, une secrétaire et une convention passée entre l’Hôpital, la D.D.A.S.S de l’époque et l’association, qui permettait à des praticiens hospitaliers d’être détachés sur l’APUS. Un réseau de famille d’accueil a été créé, très actif pendant plusieurs années, des appartements sont loués en ville pour des hébergements d’urgence, puis une collaboration avec des associations d’aide par le travail (dont les sandales du pèlerin) a permis de travailler autour de l’insertion sociale par le travail.

Par la suite un directeur, des secrétaires ont été embauchés, des personnalités marquantes, Maurice PONDEVIE et Louis ALBOUT, tous 2 décédés aujourd’hui… De cette histoire qui date maintenant d’un demi-siècle, sont présents aujourd’hui, entre autres, des salariées qui étaient à l’origine de l’APUS Brigitte SIMONDI, Odile SAPIN, des professionnels Nicole GEREY, psychologue, et Gilles RAGUIN, magistrat, sensibilisé à l’articulation soins/justice et administrateur de l’APUS dès 1980.

Les activités de l’APUS ont évolué en suivant aussi les modifications réglementaires, pour constituer, au fil des ans, un Centre d’Hébergement et de Réadaptation sociale (maintenant de réinsertion sociale) et un CSST Centre de spécialisé soins aux toxicomanes (aujourd’hui CSAPA).

Entre l’APUS, qui portait bien son nom « l’urgence sociale », et le C.H.R.S. APUS d’aujourd’hui dont l’objectif est la réinsertion sociale, le lien est évident. Le logement, le travail, la prise en charge globale, la réduction des inégalités et de la précarité, la reconnaissance d’une place pour chacun étaient déjà dans l’ADN de l’APUS.

Il s’agit moins de donner une place, mais plutôt « faire de la place » à des personnes souvent désaffiliées, en recherche d’un mieux-être pour elle-même et avec les autres.
Aujourd’hui, Oppelia Aria porte ses valeurs d’avenir. Faire ensemble, coopérer, participer à une démarche communautaire, à une transformation sociale…
Parmi tout le travail réalisé par les professionnels du CHRS, 2 projets en cours illustrent cette dynamique à l’œuvre, qui nous tient tous à cœur ici j’en suis sûre.

Le projet Logement d’Abord :
Initié par l’équipe du CHRS suite à la transformation du CHRS en CHRS Hors les murs, ce projet est mis en œuvre depuis le début de l’année.

Il est constitué de deux phases :

  • La première consiste à rencontrer des personnes déjà accompagnées par les équipes du CSAPA ou du CAARUD pour évaluer leur situation au niveau de l’accès à l’hébergement ou au logement. Il s’agit de travailler à l’accès aux droits, dans un objectif de lutte contre le non recours et dans une démarche de logement d’abord (opportunité de passer de la rue au logement).
  • La seconde phase permet à certains de ces usagers de signer un contrat de sous location avec bail glissant et de bénéficier d’un accompagnement coordonné entre la dimension logement (accompagnement vers et dans le logement) et la dimension soin (sur les conduites addictives notamment avec l’équipe du CAARUD ou du CSAPA). Actuellement, 4 personnes en bénéficient mais nous espérons aller à 6 d’ici la fin de l’année.

Le projet de développement de l’accueil de jour :
Des échanges ont lieu depuis plusieurs mois avec les services de la DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités) autour de l’opportunité de développer, à partir de nos nouveaux locaux, une activité d’accueil de jour renforcée par une offre d’accueil élargie et d’accès à l’hygiène (douche et buanderie).

Le déménagement permet en effet d’envisager de nouvelles modalités d’accueil des usagers à partir de locaux plus adaptés (plus accessibles, plus spacieux, mieux agencés). Par contre, il est nécessaire pour cela de procéder à quelques travaux notamment pour créer une douche et une buanderie accessibles aux personnes à mobilité réduite. Un projet d’aménagement est actuellement au travail, en lien avec les services de la DDETS, et nous espérons qu’il puisse aboutir pour offrir ce nouveau service.

Enfin, pour conclure, et parce que ces locaux sont aussi ceux de la direction d’Oppelia Aria et qu’ils représentent à ce titre l’ensemble de nos activités, quelques mots sur deux autres projets actuellement en cours :

Tout d’abord TAPAJ, Travail Alternatif Payé A la Journée, qui vise à proposer à des jeunes usagers, en situation de précarité, sans ressources officielles la plupart du temps, des possibilités de travail demandant ni qualification ni expérience, sans engagement et avec un paiement immédiat, en liquide, à la fin de la journée. Au-delà de l’accès à une activité professionnelle, c’est bien la question de la réduction des risques et de l’accès au soin qui est posée ici, dans la rencontre, et dans une démarche pragmatique d’accompagnement. Oppelia Aria porte ce programme depuis le début de l’année 2021 et nous espérons pouvoir le développer rapidement notamment grâce au soutien de la Ville de Lyon, et nous l’espérons prochainement de celle de Villeurbanne.

Et faire de la réduction des risques c’est chercher sans cesse à s’adapter, c’est accepter d’accompagner les usagers de drogues dans leur parcours, dans leurs réalités et dans leurs consommations. A ce titre, le projet de salle de consommation à moindre risque (prochainement Halte soins addiction comme l’a annoncé récemment le ministre) que nous coordonnons s’inscrit totalement dans nos orientations. Nous travaillons, avec un très grand nombre de partenaires de terrain et de partenaires institutionnels, et avec les usagers, à la construction d’un état des lieux des besoins et d’un projet de création d’une salle à Lyon. C’est un projet compliqué, il requiert un large consensus sur ses motivations et sur la manière dont il sera mis en œuvre mais nous sommes déterminés à le mener à bien pour que les usagers de drogues de la Métropole de Lyon puissent trouver un nouveau lieu d’accueil et d’humanité.

Je vous remercie de votre attention.

Jeannine FRIESS, administratrice à Oppelia