De la prévention à la prise en charge des addictions à Mayotte 

À la suite de différents rapports signalant l’accroissement des consommations de produits psychoactifs sur 111e ces dernières années, notamment chez les jeunes, l’Agence régionale de santé de Mayotte a lancé un appel à projet en septembre 2020 destiné à créer une structure médicosociale spécialement destinée à renforcer le système de prévention et de soin face au développement des pratiques addictives.

C’est dans cet objectif que l’association Oppelia, spécialisée dans les domaines des addictions, de la santé et de la solidarité, a proposé un projet innovant de plateforme, basé sur son expérience et tenant compte des particularités du contexte humain, culturel, social et économique du territoire de Mayotte.

À l’issue de l’audition qui s’est tenue en mai 2021, cette proposition d’Oppelia a été retenue, et le processus de création de la POPAM – Plateforme Oppelia de Prévention et de soin en Addictologie à Mayotte – a été lancé. L’avis favorable d’ouverture a été délivré le 28 janvier 2022 par l’ARS Mayotte à la suite de la visite de conformité.

La démarche d’Oppelia vise à répondre aux spécificités du territoire, et pour cela soutenir et renforcer la coopération des acteurs impliqués en établissant un réseau de partenaires, depuis le service du Centre hospitalier de Mayotte jusqu’aux nombreuses associations, grandes ou petites qui interviennent dans l’éducation, la santé, la prévention ou l’insertion des jeunes.

La création de deux établissements, un CSAPA (centre de soin, d’accompagnement et de prévention des addictions), et un CAARUD (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues) qui constituent aujourd’hui la POPAM, a été pensé pour intervenir selon plusieurs axes et une approche intégrée et décloisonnée.

Pour le CSAPA, les services s’organisent à travers des consultations en addictologie avec un suivi en ambulatoire. Des consultations jeunes consommateurs pour s’adresser à une tranche d’âge qui est majoritaire à Mayotte. Un volet prévention basé sur une démarche éprouvée, l’intervention précoce, et des programmes validés. Et enfin, un pilier orienté vers un suivi plus spécifique pour un public sous-main de justice, qui permet de travailler en lien avec les services de la Justice, de l’administration pénitentiaire et de la PJJ.

En ce qui concerne le CAARUD, les services ont été pensés selon une démarche d’aller vers les publics concernés. Cela prend la forme d’équipes mobiles qui se déplacent sur les lieux de consommations, que ce soit dans les communes ou leurs alentours, où en milieu festif. Les accueils peuvent être individuels ou collectifs, et peuvent se tenir dans les mêmes locaux qui sont partagés avec le CSAPA. Aujourd’hui à MIRERENI (Tsingoni) et DZOUMOGNE, demain à CHIRONGUI et à MAMOUDZOU.

L’un et l’autre des établissements contribuent à alimenter le système de pharmaco vigilance afin de permettre une meilleure compréhension des pratiques de consommations, des conduites addictives, et des facteurs pouvant faciliter l’apparition de dommages psychiques et physiques.

La POPAM appuie son déploiement progressif sur une démarche communautaire en santé qui préconise le travail de coopération avec tous les acteurs et toutes les communautés constituées. Un diagnostic est mené pour cela, avec pour objectif de co-décider de ce qui est pertinent de faire ensemble pour améliorer l’accompagnement individuel et collectif des publics concernés par des troubles addictifs.

 

L’inauguration de la POPAM a été repoussée au mois de septembre 2022 en raison de la crise sanitaire qui perdurait en début d’année et de la parenthèse liée à la période électorale. Toutefois, les services sont ouverts et accueillent du public depuis le 1er janvier.