La Sophrologie au cœur des addictions

« Comment retrouver le goût de vivre ? En inventant à nouveau sa vie ? Peut-être suffit-il d’un geste, mais lequel ? Pourquoi ? Et par où commencer ? ». C’est un questionnement posé par François Roustang dans son ouvrage intitulé « il suffit d’un geste ».

Je ne peux alors m’empêcher en lisant ces mots, de penser au geste de bravoure et de courage qu’effectuent les usagers qui fréquentent, le CARRUD et le CSAPPA ( les deux institutions dans lesquelles j’exerce en tant que sophrologue), pour se sortir de l’isolement et du drame sans fin dans lequel les plongent leurs addictions. Un chemin de guerrier qu’ils entament, en s’engageant dans la voie thérapeutique, en allant chercher un cadre de soin transdisciplinaire, en se prenant en charge. Oser dire « Aïe », « ça ne va pas », « j’ai besoin d’aide » est d’un tel courage à mon sens. Psychologues, psychiatres, médecins, infirmières, travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés, sophrologues forment une sorte de bon « holding ». Un soutien transdisciplinaire, un espace sécurisant, des êtres attentifs et à l’écoute pour répondre le mieux possible aux besoins du patient « toxicomane » dont le moins qu’on puisse dire que c’est patients, perturbés sur le plan psychologique avec des failles énormes, ont mal à l’Ame, au cœur et au corps. La sophrologie a toute sa place dans cette prise en charge transdisciplinaire dont j’ai parlé au début.

Le sujet de cet article est d’expliquer cette discipline, en quoi est-ce que cela est opportun de l’intégrer dans un processus de soins pour usagers de drogues ?

La sophrologie est considérée comme une science, une thérapie, une philosophie de vie, sa force est son approche holistique qui considère l’être dans sa globalité, excellente  psychothérapie à médiation corporelle

Etymologie

Le mot sophrologie est créé en 1960 par le neuropsychiatre Alfonco Caycedo, et il tire ses racines étymologiques du grec ancien :

  • SOS : harmonie
  • PHREN : conscience, esprit (au sens premier : membrane)
  • LOGOS : étude (au sens premier : parole, langage)

Elle représente l’étude de la conscience en harmonie.

En ce qui concerne son approche théorique, elle s’inspire de deux sources essentielles : l’hypnose (Ericksonienne) et la phénoménologie (Husserl, Heidegger, Merleau-Ponty et d’autres penseurs contemporains). Quant à l’aspect pratique corporel, il a pour origine deux sources : les techniques de relaxation (les méthodes de Jacobson et Schultz) et les pratiques orientales (le yoga indien, le zen japonais et tibétain)

Méthode au sein de l’association ou institution

Ce sont des ateliers de groupes, qui sont proposés dans le CARRUD et Le CSAPA. Le but de la mise en place de ces ateliers dans ces deux institutions est principalement le travail sur le corps. Les stimulations corporelles de la relaxation dynamique, notamment celles du premier degré, permettent ainsi une liaison plus fine entre les sensations, la perception (avec la représentation du schéma corporel) et la motricité. Il ne s’agit pas tant de se représenter notre corps (schéma) que de le sentir/ressentir, de le vivre tel qu’il est réellement. Passer par la respiration, la relaxation dynamique, des exercices de synchronisation de la respiration et des mouvements du corps, permet de sentir et connaître son corps, visiter ces émotions les reconnaitre. Les participants à ces ateliers sont invités à se situer dans le temps dans la mesure où ils prennent conscience, au fil des séances, du rapport qu’ils peuvent avoir avec le passé, le présent et le futur. Le but est également que les patients s’approprient les exercices de respiration pour pouvoir y avoir recours dans la mesure du possible en cas de crise d’angoisse, d’insomnie…etc. Le travail effectué dans le cadre des ateliers de sophrologie requiert de l’assiduité, de la patience, et motivation : Bulle de paroles douces et monocordes.

Concrètement, l’espace d’une heure, les patients sont invités au travers des exercices pratiqués dans une posture debout, assis ou allongé à restaurer progressivement :

  • La présence au corps,
  • La conscience de la respiration « l’inspire » et « l’expire »
  • Le travail sur les 5 sens
  • La projection dans des valeurs positives (techniques de futurisation)
  • Redécouverte des valeurs premières (bienveillance aimante envers soi-même, prendre soin de soi, gratitude …)

La sophrologie ayant pour fondement un principe selon lequel : toute action positive dirigée vers notre corps ou notre mental a une répercussion positive sur tout notre être.

Je conclurais cet article avec quelques témoignages de personnes  ayant participé aux ateliers de sophrologie tenus au CSAPA de Palaiseau et au CARRUD de Juvisy.

«  Je me sens comme dans une bulle de douceur », « Au fur et à mesure des séances je suis de plus en plus à l’aise avec mon corps », « Je suis en train de prendre soin de moi et c’est tellement bon ».

Ecrit par Madame Hind Wakach, sophrologue.